Soutenance de Thèse de Doctorat unique en Sociologie : Rodrigue HILOU étudie les pratiques agroécologiques des agriculteurs du Burkina
HILOU Kissifing Tihouhon Rodrigue, membre du Laboratoire Sociétés, Mobilité et Environnement (LASME) de l’Université Joseph KI-ZERBO a défendu le mardi 31 janvier 2023 sa Thèse de Doctorat unique en Sociologie sous la direction du Pr Ramané KABORE. Sujet de Thèse : « L’agroécologie à l’épreuve des rationalités paysannes en zone cotonnière : l’exemple des agriculteurs de l’Union des Sociétés Coopératives pour la Commercialisation des Produits Agricoles de la Boucle du Mouhoun (Burkina Faso) ».
Résumé de la Thèse :
L’adaptation des exploitations agricoles familiales aux défis des changements environnementaux et climatiques via l’agroécologie reste une priorité à traduire en politique publique et en actions concrètes au Burkina Faso. Cependant, les résultats restent jusque-là mitigés car les pratiques agroécologiques ont du mal à être adoptées, à se maintenir dans la durée et à se diffuser à l’échelle au sein du monde paysan. Ce constat se trouve être renforcé dans les zones cotonnières comme celle de la Boucle du Mouhoun où les exploitations paysannes sont soumises à une utilisation intense des produits chimiques afin d’accroitre le rendement agricole. Dans un tel contexte, l’adoption des pratiques agroécologiques en milieu paysan se confronte à des logiques, des calculs de risques et des raisonnements parfois insoupçonnés. Ces éléments relevant des rationalités paysannes, rationalités attendues dans le sens de Boudon (2009) comme les raisons d’agir, doivent être pris en compte dans la compréhension globale du niveau actuel de diffusion et d’adoption des pratiques agroécologiques au Burkina Faso.
A travers une approche doublement mixte, associant l’individualisme au holisme et le qualitatif au quantitatif, nous avons analysé à l’échelle des perceptions paysannes la trajectoire actuelle de la transition des pratiques agricoles paysannes vers l’agroécologie dans la région cotonnière de la Boucle du Mouhoun. La question qui a guidé notre recherche est la suivante : comment, dans un contexte de dégradation des écosystèmes et de paupérisation grandissante, les paysans des zones cotonnières perçoivent-ils l’urgence d’une transition de leurs pratiques agricoles vers des modes de production agroécologiques ?
L’hypothèse sur laquelle ce travail de recherche s’est basé est la suivante : l’adoption ou le rejet des pratiques agroécologiques par le paysan repose sur des raisons d’agir qui découlent de sa perception desdites pratiques, des opportunités qui s’en dégagent, des besoins de son ménage et des capacités réelles de son exploitation. Pour ce faire, nous avons cherché à comprendre ses motifs et ses logiques qui sous-tendent ses rapports vis-à-vis des pratiques agroécologiques. En nous basant sur la notion de cohérence de Coenen-Huther (2010), basé sur un dépassement de l’opposition holisme méthodologique et individualisme méthodologique dans l’analyse des actions sociales, nous avons placé le paysan dans son environnement socioéconomique afin de mieux saisir et analyser ses perceptions et comportements vis-à-vis de l’agroécologie.
Les résultats de cette recherche montrent que l’adoption des pratiques agroécologiques repose sur des rationalités paysannes qui sont en cohérence avec leur perception desdites pratiques, ainsi que des opportunités et risques qui s’en dégagent, des besoins de leur ménage et des capacités réelles de leur exploitation. De ce fait, l’urgence d’une intégration des logiques et intérêts paysans dans les politiques et actions de développement du secteur rural reste entière pour l’avènement d’une agriculture plus durable et saine.